https://www.ledevoir.com/monde/europe/587166/europe-comment-l-allemagne-de-l-ouest-a-avale-la-rda
Ein interessanter Artikel aus der frankophonen quebecer Le Devoir. Eine relativ kritische Betrachtung basierend auf den vorliegenden 1666 Seiten der Verhandlungsprotokolle. Angeblich existieren davon lediglich 12 Exemplare auf der Welt.
Titel: Wie Westdeutschland die DDR verschlungen hat.
Ein gewiefter Helmut Kohl hätte demnach den "verwundeten russischen Bären" überrumpelt und überlistet, mit finanziellen Anreizen "gelockt" und anschließend den Osten, welcher de facto Bankrott gewesen sei, "gekauft und blitzschnell komplett kolonialisiert, platt gemacht und privatisiert, bzw. abgewickelt". Dabei wäre in Kauf genommen worden, dass der halbe Osten arbeitslos würde.
Der Kanzler hätte auch "einsam und ohne Parlamentsbeschluss" entschieden die Mark "fast diktatoriscch"aufzugeben um der französichen Forderung nach zu kommen. Mitterand hätte geglaubt, dass Deutschland dadurch "vebindlich und für immer" in Europa eingebunden werden könne.
Thatcher hingegen hätte gemeint, dass das Gegenteil eintreten würde, nämlich das dadurch eher Europa an Deutschland gebunden würde.
Soweit Le Devoir. Es ist wohl an Allem durchaus etwas dran. Ich sage nur "Treuhand".
Comment l’Allemagne de l’Ouest
a avalé la RDA
Christian Rioux à Paris
Correspondant
3 octobre
2020
Le document
fait 1666 pages. Il n’en existe que 12 exemplaires dans le monde. Michel Meyer
le dépose avec soin sur la nappe blanche de ce café des Champs-Élysées. Cet
ancien correspondant en Allemagne, en Russie et en Europe de l’Est de la
télévision et de la radio publique française est l’une des très rares personnes
à posséder les comptes-rendus complets des négociations sur l’unité allemande
qui se déroulèrent de février à juillet 1989 à Bonn, Berlin Est, Paris et
Moscou. Un cadeau de son ami et ambassadeur de France à Bonn, Serge Boidevaix.
« Celui
qui nous aurait dit au moment de la chute du Mur que, moins d’un an plus tard,
les deux Allemagnes ne feraient plus qu’une serait passé pour un fou. Personne
ne l’aurait cru ! » dit Michel Meyer, qui est aussi l’auteur de
plusieurs livres, dont l’excellent Mur de Berlin. Le monde d’après
(Larousse).
Au moment de
souffler les 30 bougies de cette réunification, le samedi 3 octobre, qui
se souvient en effet que l’ambassadeur américain à Bonn de l’époque, Vernon Walters,
avait fait une prédiction jugée alors terriblement audacieuse en affirmant que
la réunification ne surviendrait pas avant… cinq ans ? Quant à Bush père
et à François Mitterrand, ils ne l’imaginaient pas avant le tournant du siècle.
Mais, comme Mikhaïl Gorbatchev le confiera au Monde, l’histoire est
alors « sortie de ses gonds ».
Kohl à la
manœuvre
« L’effondrement
de la RDA était pourtant inéluctable, reconnaît Michel Meyer, qui était aux
premières loges. La faillite économique était totale. Il ne faisait pas de
doute que la mangouste collectiviste en faillite qu’était la RDA allait être
avalée par le boa ouest-allemand. Mais en combien de temps ? »
L’échec
économique de la RDA était tel que, dès 1983, les banques ouest-allemandes
devront venir à son secours en échange d’un allègement des contrôles aux
frontières. Fin 1989, l’Allemagne de l’Ouest inondera même la Russie de beurre,
de fromage et de viande afin de lui éviter un début de famine, explique Meyer.
Mais la
force déterminante de cette réunification à marche forcée, ce sera Helmut Kohl.
Alors que Margaret Thatcher ne veut rien entendre et que Mitterrand freine des
quatre fers, chacun craint que la moindre précipitation ne fasse tomber
Gorbatchev. Heureusement, dit Michel Meyer en citant Bismark, Helmut Kohl aura
l’intelligence d’« agripper les pans du manteau de l’Histoire qui lui fait
la grâce de passer à portée de main ». Car le chancelier n’a rien de cet
être fruste et bourru qu’imaginent ses adversaires. L’homme sait que l’Histoire
ne repassera pas. Il sera pratiquement seul à la manœuvre avec son ami
AlfredHerrhausen. Le président de la Deutsche Bank, habitué des échanges avec
le bloc de l’Est, le conseillera durant ces semaines cruciales qui ont
littéralement changé le monde. Herrhausen sera d’ailleurs assassiné en novembre
1989 dans des circonstances troubles par une branche de la Fraction Armée
rouge, dont les liens avec la RDA étaient connus.
Dix-neuf
jours exactement après la chute du Mur, le 28 novembre, Kohl présente au
Bundestag son Plan en dix points proposant « une structure confédérale
entre les deux Allemagnes » en vue de la « constitution d’une
fédération ». Un plan perçu par Gorbatchev comme une « charge de
sanglier », selon les mots du germaniste russe Nokolaï Portugalov. Certes,
Kohl ne fixe aucune échéance, mais la sidération est à son comble.
« Un
ours blessé »
« Le
pacte de Varsovie restait l’obstacle majeur, dit Meyer. Heureusement,
l’ambassadeur de France à Bonn, Serge Boidevaix, aura l’idée géniale de
proposer une négociation à “quatre plus deux” : les quatre vainqueurs de
1945 plus les deux Allemagnes. Kohl acceptera la parité entre le mark
est-allemand et le deutsche mark. Le 15 juillet, dans la célèbre rencontre
du Caucase où il rencontre Gorbatchev, il arrose littéralement la Russie d’une
somme qui fait trois fois le PIB allemand ! » L’opération ressemble à
« un rachat négocié de l’Allemagne de l’Est par sa très riche sœur
occidentale », écrit Meyer.
D’un côté,
Kohl flatte Gorbatchev en reprenant l’idée de la « Maison commune
européenne de l’Atlantique à l’Oural » chère au président russe. Mais ce
n’est qu’un écran de fumée. À deux reprises, le chancelier confiera au
journaliste présent à Bonn que l’URSS est un « ours blessé ». En même
temps, Kohl fait un pacte avec Mitterrand en acceptant la monnaie unique
européenne, l’euro, que lui impose le président français, croyant ainsi
harnacher l’Allemagne à l’Europe. Le chancelier reconnaîtra plus tard s’être
« comporté en dictateur » en imposant la disparition du deutsche
mark, écrit Michel Meyer. Une disparition que les Allemands n’auraient jamais
acceptée par référendum.
Le
18 mars 1990, les premières élections libres en Allemagne de l’Est
viendront sceller le sort d’une réunification déjà largement sur les rails en
plébiscitant les chrétiens-démocrates (CDU) de Lothar de Maizière.
« Destruction
créative »
« À
partir de 1990, on assistera à une colonisation en bonne et due forme de la RDA
par une armada de privatiseurs, dit Michel Meyer. L’économie de la RDA sera
écorchée vivante au prix d’un chômage de masse. 1400 entreprises seront
privatisées et une clique venue de l’Ouest prendra la direction de toute
l’économie. Ce processus, symbole de la “destruction créative” de Schumpeter,
se poursuit jusqu’à aujourd’hui. »
Même si les
Allemands de l’Est ont eu une chance extraordinaire, les cicatrices sont
toujours présentes, comme en témoigne le vote en faveur de l’extrême droite
dans les länder de l’Est. Ce fossé perdurera certainement pendant encore au
moins 20 ans.
— Michel Meyer
Trente ans
plus tard, la richesse par habitant à l’Est atteint 79 % de celle de
l’Ouest. En 1990, elle n’était que de 65 %. Le chômage est passé de
15 % à moins de 10 %, comme nous l’apprend aussi le dernier Rapport
annuel sur l’unité allemande. Quant aux salaires, ils sont toujours
inférieurs de 12 % à ceux de l’Ouest. Et c’est sans compter la terrible
hémorragie démographique qui a frappé l’Allemagne de l’Est. Alors que la
population de l’Allemagne de l’Ouest a plus que doublé durant cette période,
celle de l’Allemagne de l’Est est toujours la même qu’en 1905, souligne Meyer.
« Même si les Allemands de l’Est ont eu une chance extraordinaire, les
cicatrices sont toujours présentes, comme en témoigne le vote en faveur de
l’extrême droite dans les länder de l’Est, dit-il. Ce fossé perdurera
certainement pendant encore au moins 20 ans. »
En offrant à
Berlin un véritable Hinterland économique à l’Est, la réunification a
consolidé la place de l’Allemagne comme première puissance économique du
continent et recréé ce que Kohl lui-même qualifiait de « bloc informe et
indigeste au cœur de l’Europe ». Seul le rêve de Mitterrand, consistant à
harnacher l’Allemagneà l’Europe, ne se sera pas réalisé, comme le soulignera
l’ancien haut responsable chargé de l’intelligence économique auprès du premier
ministre français, Alain Juillet. MargaretThatcher le disait sans détour. Selon
elle, la réunification n’aura « pas eu pour effet d’arrimer l’Allemagne à
l’Europe, mais l’Europe à l’Allemagne ».